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En Afrique, la microfinance se met au service de l’énergie solaire

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L’apport de l’énergie solaire dans la production globale d’énergie d’un pays a longtemps été marginal. Cela pourrait vite changer.

L’apport de l’énergie solaire dans la production globale d’énergie d’un pays a longtemps été marginal. Cela pourrait vite changer, notamment grâce à des partenariats public-privé à l’échelle «macro» et des plans de microfinancements et une technologie adaptée au niveau micro.

Fin mai 2016, la Société Financière Internationale (SFI), la division secteur privé de la Banque mondiale, se réjouissait du succès de son partenariat avec le gouvernement zambien dans le domaine de l’énergie solaire. La SFI avait en effet réussi à attirer en un temps record tous les développeurs d’énergie renouvelable de référence lors d’un appel d’offres pour deux projets de productions de 50 mégawatts d’énergie solaire dans le pays. Même si le volume des projets ne représente que 5% de l’énergie produite par le pays, le fait que les deux gagnants aient proposé leurs services à des prix historiquement bas pour des pays en développement marque un nouveau paradigme: le solaire est plus que jamais le futur de l’approvisionnement d’énergie en Afrique.

Le développement de l’énergie solaire n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les gouvernements disposant de cette ressource propre. A l’échelle de la majorité pauvre et rurale de la population, l’usage de panneaux voltaïques vient graduellement se substituer au monopole onéreux et nocif du charbon et du kérosène en fournissant une technologie efficace et silencieuse pour l’éclairage et la cuisson. Les effets positifs sur l’éducation et la santé sont considérables.

Pourquoi avoir attendu aussi longtemps sachant que les panneaux voltaïques existent depuis 30 ans? D’une part les coûts de production des panneaux eux-mêmes sont en chute depuis une décennie et la fiabilité des produits et des batteries a beaucoup augmenté dernièrement. D’autre part, des technologies permettant de connecter ces panneaux en temps réel aux distributeurs et à des systèmes de paiement mobile n’ont vu le jour que récemment. Les distributeurs ont enfin mis en place un réseau de relais locaux de commercialisation et d’entretien.

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De fait le développement de l’énergie solaire rappelle celui de la téléphonie mobile en Afrique. Avant que la téléphonie sans fil ne devienne populaire, la plupart des pays en développement n’avaient encore qu’un accès limité au téléphone fixe. Mais ce problème devint caduc avec la prolifération des téléphones portables à un coût raisonnable, permettant de supplanter les réseaux fixes de téléphonie en quelques années. Le même type de révolution se produit aujourd’hui avec l’accès à l’électricité parmi les nombreuses populations non-raccordées au réseau.

Ainsi en Afrique de l’est, des millions de personnes ont déjà pu acquérir des petits systèmes d’énergie solaire leur donnant accès à l’électricité pour la première fois et permettant de charger des téléphones mobiles, d’alimenter quelques lampes, des postes de radios, etc. D’autres développeurs s’attellent à proposer des systèmes plus puissants pour pratiquement répliquer la capacité du réseau, destinés aux PME en zone rurale.

Les développements en termes de financement constituent un élément essentiel de la prolifération de ces systèmes individuels d’énergie solaire. Tandis que les gros promoteurs d’énergie renouvelable et les Etats bénéficient de bailleurs de fonds internationaux, les promoteurs de projets micro se tournent vers des investisseurs ou gestionnaires de fonds privés dits d’impact. Au niveau des clients finaux, le financement a été révolutionné grâce à une approche similaire à celle de l’inclusion financière.

Depuis des décennies, les institutions de microfinance ont en effet fourni des microcrédits et d’autres services financiers adaptés à une population à bas revenu et capital très limité. Les nouveaux développeurs d’énergie solaire hors réseau imitent le concept en fournissant une solution sous forme de crédit-bail. Des systèmes de paiement mobile, comme M-PESA en Afrique de l’est, ont aussi contribué à rendre cette solution de crédit-bail possible, permettant aux utilisateurs de faire facilement des paiements fréquents de petits montants par leurs téléphones portables.

Bien que la révolution de l’énergie solaire hors réseau ne soit encore que dans ses premières heures, son potentiel et ses capacités permettent déjà de concevoir qu’il deviendra la source dominante d’électricité dans le monde en développement.

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